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Le Café Cobalt

lundi 29 avril 2019

Un challenge créatif sur Internet : l'opération Fingers Out

Bonjour, les Gourmets !

Vous le savez déjà, au Café Cobalt, on aime célébrer la pluralité artistique d’Internet. On adore aussi découvrir de nouveaux moyens de mettre notre créativité à l’épreuve ! Autant dire que quand nous avons eu vent de l’opération Fingers Out, nous n’avons pas hésité longtemps avant de nous lancer dans l’aventure.

 

Fingers Out, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un challenge lancé sur Internet par le vidéaste PV Nova. L’objectif est simple, comme l’indique le nom : il faut – pardonnez-nous le terme – se sortir les doigts et créer, dans un laps de temps limité, une œuvre autour d’une liste de contraintes de thème, de lieu, de personnage, de couleur et d’écriture. Peu importe le format : musique, court-métrage, dessin, texte, jeu vidéo, bande dessinée interactive… Artistes de tous horizons sont acceptés pour profiter de l’émulation collective générée par l’événement.

Après avoir joliment teasé l’événement sur sa chaîne, le samedi 13 avril à huit heures tapantes, PV Nova a tiré au sort les contraintes avec lesquelles nous allions devoir composer. Elles ont été réparties en deux listes, et les participants ont choisi celle qui les inspirait le plus. Il va de soi que ces éléments devaient stimuler l’inventivité et non l’entraver, et que la façon de les employer est restée très libre pour ne frustrer personne.

Liste A ou liste B ? Chez les Baristes, on n’a pas eu trop de difficultés à trancher, mais certains participants se sont trouvés bien tiraillés !

Les premiers résultats sont arrivés sur Internet dès le début de la soirée. Si PV Nova avait créé un groupe Facebook pour faciliter la communication entre les participants, d’autres  créateurs ont également mis à notre disposition des terrains d’échanges et de rassemblement sur plusieurs plateformes, notamment Discord et YouTube. Nous vous invitons fortement à y jeter un œil, car nombre des créations qui y furent partagées sont vraiment époustouflantes ! C’est impressionnant de se dire que tout cela est sorti du néant en moins de vingt-quatre heures.

 

L’année dernière, la première édition de l’opération a eu lieu le 31 mars, dernier jour d’un autre challenge créatif aussi initié par PV Nova, intitulé 11 Days (soit onze créations journalières… quelle détermination !). Il est fort probable que ces initiatives ou leurs variantes soient reconduites dans les années à venir, et nous allons garder un œil dessus, car participer au Fingers Out 2 a été pour nous une fantastique expérience.

 

 

Au total, ce sont six Baristes qui ont dégainé leur plus belle spatule pour vous concocter un contenu exclusif à partir des contraintes proposées. Marine, Julie, Chimène, Karole, Aloyse et Julien n’ont pas chômé et ils ont sorti de leur four de quoi régaler tous les Gourmets.

 

 

Le dimanche après-midi, nous avons présenté nos productions lors d’une Radio Discord spéciale Fingers Out. Nous avons échangé avec les autres participants présents en vocal, lu nos textes et découvert ceux des autres pour la première fois, mais aussi écouté la musique composée par Julien, qui a combiné ses passions d’écrivain et de musicien pour le challenge.

Certains d’entre nous ont créé à partir de leurs œuvres publiées sur le Café ; d’autres se sont aventurés dans des univers exclusifs et encore inconnus, y compris pour eux-mêmes. Quel que soit le chemin choisi, ce fut une épopée qui ne nous a pas laissés indifférents !

Plusieurs Gourmets ont également relevé le défi : nous avons confronté toutes nos expériences en temps réel sur la terrasse du Café. Merci à eux et à ceux qui, en spectateurs, ont suivi notre progression et la restitution des textes ; avoir une communauté comme vous réchauffe davantage notre cœur que le plus onctueux des chocolats chauds !

 

 

Marine

Pour moi, le Fingers Out c'était surtout une occasion d'écrire quelque chose. Ça fait des mois que j'ai rien produit, notamment à cause de mon boulot qui me bouffe la vie sur tous les plans. Au départ, je ne pensais même pas participer. Mais au final j'ai pris 30 minutes pour me poser devant une feuille blanche et reconnecter avec mon univers. J'ai utilisé une playlist concoctée par Karole pour m'aider à pénétrer dans ma bulle, et voilà ! C'est court mais ça fait un bien fou de voir que j'en suis encore capable.

 

 

Julie

Le Fingers Out fut une expérience très gratifiante ! Je voulais sortir de l’univers de Prime de Fisc pour travailler sur d’autres domaines avec lesquels je suis moins familière. À la vue de la liste B, l’idée d’une ville nostalgique de sa jeunesse m’est pratiquement immédiatement apparue. J’avais dès le départ envie d’un texte assez contemplatif et poétique, et le thème y collait parfaitement. J’ai eu peur de manquer complètement d’originalité dans le choix du sujet (couleur blanche = neige, décoiffant de subtilité) mais j’ai fini par me lancer. Et les mots se sont enchaînés étonnamment facilement. Je voulais écrire avec le style un peu lourd des nouvelles gothiques où un personnage raconte avec un vocabulaire ampoulé les aventures extraordinaires qui lui sont arrivées. Le résultat s’en est éloigné, mais j’aime le rythme et les images qui en sont ressortis. Je crois avoir instauré une ambiance intéressante, et j’en suis heureuse, moi qui doute si souvent de mes textes.

Je reparticiperai avec plaisir à une édition ultérieure, et profiterai peut-être – qui sait – du déclic lié à l’expérience pour visiter quelques idées de textes courts qui me trottent en tête depuis des mois. Affaire à suivre !

 

 

Chimène

La liste B m’a donné l’occasion de revenir plus en détails sur une scène importante de L’empire des invisibles, que j’avais dû écourter pour respecter les contraintes narratives du roman. C’est un passage qui me tenait beaucoup à cœur et auquel renoncer avait été terriblement frustrant. J’ai tenté de faire en sorte que la nouvelle soit lisible même sans connaître l’univers de L’empire, malgré quelques termes spécifiques dont je n’ai pu me passer. Jamais encore je n’avais autant écrit en une seule journée !

Voir tous ces créateurs en pleine effervescence, dès le matin et jusqu’à tard dans la nuit, c’était vraiment stimulant. Même quand nos domaines artistiques divergeaient complètement, on se soutenait, on s’encourageait, et des œuvres étonnamment travaillées pour un délai aussi court ont découlé de l’événement. À refaire absolument !

 

 

Karole

Quoi de mieux qu’un défi créatif un jour où on manque de temps ? Ha ! Le fameux « mais dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée » n’a eu de cesse de me grignoter l’esprit. Et pourtant. Je crois que cet événement m’a rappelé une chose importante : même en plein rush pour le mémoire, alors qu’on a trente-six choses à faire, trois heures de sommeil derrière soi et un grand-père qui a déjà mis ses chaussures dans l’espoir qu’on aille faire un tour avec lui dans la seconde qui suit, on a toujours le temps. Il suffit de le prendre. Ce fut pour moi l’occasion de m’exercer sans me mettre trop de pression, portée par une puissante dynamique créative. Voir qu’on se soutient toutes et tous et qu’on est fiers les uns des autres, ça compte beaucoup. Je le referai sans hésiter.

 

 

Aloyse

J’ai trouvé l’initiative super intéressante et on devrait faire ça plus souvent. D’un point de vue créatif déjà, c’est très stimulant parce que ça va nous obliger à établir des liens entre les différentes contraintes, mais d’une manière qui nous est propre. Pour la liste B qui a été la plus utilisée chez les Baristes, on a pas un texte qui se ressemble. La nostalgie chez Karole est complètement différente de celle évoquée par Julien, Chimène ou Julie, et c’est hyper intéressant. C’est aussi amusant de voir qu’on reconnaît la patte de chacun ; si on avait mis tous les textes sans leurs auteurs, je pense que les Baristes, parce qu’on se connaît bien, aurait deviné sans problèmes qui avait écrit quoi.

Voir de quoi on est capable en dehors de son œuvre principale, et voir de quoi les autres sont capables, personnellement ça me stimule. On a aussi moins de poids sur les épaules en quelque sorte, parce qu’on fait ça pour s’amuser, en une journée, et c’est agréable de se souvenir du plaisir de jouer avec les mots sans que ça ait besoin de s’inscrire dans une œuvre plus grande avec de la cohérence. On fait ça n’importe comment, comme on le sent, et c’est juste un exercice. C’était une pause bienvenue et bienfaisante. Avoir une œuvre à laquelle on est attachée et pour laquelle on déploie tout ce qu’on peut, en faisant attention au plus de choses possible pour s’améliorer perpétuellement et proposer quelque chose de qualité c’est à la fois le meilleur moyen de progresser quand on se dit auteur ou autrice mais ça peut aussi être fatiguant à l’occasion. C’est pour ça que ça pourrait être intéressant de reproduire l’expérience ponctuellement, pour ne pas perdre de vue le côté agréable de l’écriture aussi, et puis parce que c’était super chouette de partager ça avec la communauté du Café ! Les Baristes ont écrit, mais ça a aussi motivé plein de personnes sur le Discord et c’était super (oui tout était super) d’avoir cette expérience tous ensemble, ça n’aurait pas eu le même intérêt sinon. On s’est encouragé mutuellement. À refaire, donc !

 

 

Julien

Dès le début, je savais que ça allait être compliqué, cette histoire. Plutôt que de vous raconter mes intentions, laissez-moi vous raconter le déroulement de cette opération pour moi : vous comprendrez qu’en plus des contraintes lancées par PV Nova, j’avais en plus les miennes, et j’ai dû rebondir de tentative en tentative avant de savoir ce que je faisais…

Le Café Cobalt visant l'inédit en créant des textes sur le défi de PV Nova, initialement musicien, j'ai décidé de viser le contre-inédit en créant une chanson. Forcément, ça tombait un samedi. Un samedi où, comme tous les autres samedis, je bosse presque toute la journée dans un taf abrutissant au possible. Pour couronner le tout, j'ai eu la merveilleuse idée de partir en vacances dès le lendemain. Autrement dit, ça allait être rock'n'roll. En manque de sommeil, je décidai de m'accorder une grasse matinée (je travaillais à midi). Comme de coutume, j'échouai et me réveillai tôt – allez, obligé de travailler dès potron-minet ! La Liste B m'a tout de suite parlé. Sachant que je n'avais pas le temps de composer à partir de rien, j'ai utilisé certaines parties de guitare qui m'étaient venues quelques jours plus tôt : une gamme mineure et quelques dissonances, ça collait bien. J'ai ensuite passé tout mon temps libre à peaufiner ça, à arranger les morceaux ensemble, à en créer d'autres et à composer des vocalises.

Ensuite, le taf. Le vrai, le chiant, le chronophage qui pompe toute énergie, toute pensée et toute sensation, jusqu'au moindre désir d'être vivant. Du coup, aucune avancée, j'ai piétiné toutes mes pistes matinales pour n'en ressortir, à 20h, que vidé, blasé et découragé. Il me fallait encore rentrer, cuisiner et manger... C'était sans compter sur mes consœurs cobaltiennes participant au Fingers Out. À force d'encouragement et d'amour, elles ont su raviver la flamme et, à 21h56 (je ne plaisante pas, je l’ai annoncé sur Discord), je m'armai de ma guitare et d'un document Word encore vierge. J'extirpai de ma déprime laborieuse de l'après-midi une vague idée, juste un murmure. Je ne saurais dire comment, car j'étais ressorti du travail complètement vidé et décérébré (le samedi, c'est le pire), mais j'avais assimilé à mes propres craintes la personne de Denethor, l'intendant du Gondor dans Le Seigneur des Anneaux, un être aigri et déçu... C’est curieux comme ma volonté de départ, celle de rendre une œuvre introspective, a évolué – il y a pourtant beaucoup de moi là-dedans. J'ai gardé cette voie et j’ai écrit le texte jusqu'à minuit et demi.

Ensuite, dodo. Le lendemain, il me fallait encore finir de préparer mes affaires. J'ai expédié la chose pour tenter de m'enregistrer. La guitare a été vite enregistrée, j'ai choisi une électrique pour faciliter la sonorisation, même si j'aurais aimé pouvoir jouer d'autres instruments (pas le temps, je devais partir vite). Ensuite, le chant. C'est seulement en voulant brancher mon micro que je me rappelai avoir prêté son câble (un xlr, le genre de truc trop spécifique pour être remplacé). Tant pis pour le micro chant, je devais me contenter du micro-casque bas de gamme qui traînait dans un tiroir. Le truc qui sature dès que le volume devient un peu plus fort, qui capte tous les bruits parasites (mouvements, bruits de papier, miaulements) et qui laisse un atroce souffle en fond. Heureusement, Audacity fait des merveilles et j'ai pu nettoyer mes captations au mieux... Midi et demi, je finalise l'enregistrement, je balance le tout dans la Dropbox du Café Cobalt pour manger en vitesse et sauter dans la voiture, laissant les filles se débrouiller pour la radio du dimanche à laquelle, à mon grand regret, je ne pouvais assister.

Néanmoins, étant données les conditions, j'estime avoir réussi le défi alors que je n'y croyais pas. Du coup, j'en suis fier. Je le referai volontiers, bien sûr, car c’est une expérience unique et enrichissante. Mais, par pitié, que je puisse avoir le temps de réfléchir cette fois !

 

 

L’opération Fingers Out est un événement créatif qui a donné naissance à énormément de productions différentes et qui, surtout, a généré une émulation positive entre tous les participants. Le Café Cobalt a adoré se prêter au jeu et compte bien renouveler l’expérience l’année prochaine, si l’occasion s’en présente à nouveau.

Vous n’avez pas pu assister à la Radio ? Pas de panique ! Tous nos textes du Fingers Out sont désormais disponibles dans un recueil exhaustif en ligne dès aujourd’hui. Bon appétit !

 

– Les Baristes

Commentaires

Bravo à tous, cela fait chaud au cœur pour une "vieille" comme moi de voir toute cette énergie et cette passion.
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mardi 30 avril à 09h23