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Aloyse Taupier

vendredi 30 août 2024

J'irai boire du thé sur ta tombe

Chapitre 7

Ton sommeil reste profond, serein, et tu ne te réveilles qu’en milieu d’après-midi. Tu te sens encore fatigué, mais malgré l’heure à laquelle tu t’es couchée, tu as tout de même pu te reposer sept heures environ. Tu te lèves et te prépares à passer un dimanche tranquille. Lorsque tu jettes un œil à ton portable, tu peux y lire un mot de Máni te disant qu’il a garé ta voiture à l’endroit convenu. Le message date d’une heure à peine, et tu espères qu’il a dormi jusqu’au dernier moment avant d’aller la récupérer.

Vous échangez quelques phrases ; il prévoit un dimanche calme lui aussi. Au cours de la journée, vous discutez de la veille.

Alors, qu’est-ce que tu as pensé d’hier ? Avec qui as-tu perçu le plus d’atomes crochus ?

Tu prends le temps de réfléchir.

Même si la mélancolie a fait une apparition, j’ai passé une très bonne soirée. Un peu trop de gens pour moi mais l’atmosphère était chouette et je ne me suis pas senti mal à l’aise. C’était calme. J’ai apprécié. Je n’ai pas pu parler avec tout le monde, mais j’ai eu des conversations intéressantes quand même et globalement mes impressions rejoignent ce que tu m’avais dit de toustes. J’ai ressenti le plus de liens avec Fernando et j’ai le plus aimé Lisbeth, Forseti, Flynn et Andrea. Je ne suis pas beaucoup restée avec Vlad, Valkyrie ou Axel. Je perçois plus de distance avec elleux, iels sont moins faciles d’accès. Mais je pense que j’aimerais discuter plus avec Valkyrie, elle est intrigante, et vous êtes proches alors je veux m’entendre avec elle. Andrea est resté discret mais j’ai apprécié sa présence. Comme tu l’avais dit, il a l’air attentionné, et droit. J’ai senti à quel point il tenait à Vlad. J’espère que les choses se passeront bien entre eux dans le futur. Et toi, comment tu as vécu ta soirée ?

Tu pries pour que malgré tes difficultés, elle puisse avoir été bonne quand même, et qu’il ait pu profiter de ses amis.

J’étais heureux de les retrouver toustes, et plus encore que tu sois venu avec moi. Si tu en as envie, je serai ravi de t’emmener les prochaines fois aussi. Je sais que tu seras accueillie à bras ouverts ; j’ai vu comme iels te regardaient. Tout le monde avait l’air un peu fatigué, ce qui explique peut-être le manque partiel de conversation, mais c’est souvent le cas en automne et au début de l’hiver.

Vous continuez à discuter, ponctuellement, et plusieurs heures passent parfois sans que vous vous répondiez. Vous lisez, visionnez des séries, et tu prépares l’organisation ta semaine au salon de thé. Toute la journée cependant, tu penses à lui. Tu as envie de le revoir. D’être à ses côtés. De le sentir proche de toi, d’entendre sa voix, d’admirer son visage et de te plonger dans son regard. Tu hésites à lui proposer si tôt un nouveau rendez-vous. Vous avez passé du temps ensemble hier : tu ne veux pas paraître envahissant. Et puis, tu n’as pas d’idée particulière. Tu continues à y réfléchir en mangeant, puis sous la douche, et une fois dans ton lit.

Tu dresses la liste de tes plans pour les deux prochaines semaines, quand tu te rappelles soudain que tu as gardé ton mercredi pour fêter Halloween. Chaque année, tu laisses ton salon de thé fermé à cette date, même si tu ouvres habituellement durant les jours fériés. Tu te prépares un repas digne de l’occasion, regardes un film ou une série de circonstance, portes de jolis habits, écoutes ou lis des histoires qui font peur. Tu pourrais proposer à Máni de passer ces moments avec toi.

Tu te dis que c’est un peu tard, qu’il a surement déjà quelque chose de prévu. Tu préviens au dernier moment. Tu te souviens cependant de son visage, illuminé lorsqu’il a découvert les décorations de ton salon de thé et tes nouvelles pâtisseries. Tu essaies de te répéter que tu n’as rien à perdre à demander, même si ton anxiété t’empêche d’oublier qu’il pourrait s’agacer que tu souhaites le revoir si tôt, qu’il pourrait penser que tu es dépendante de lui, qu’il pourrait trouver pathétique tes soirées d’Halloween en solitaire. Finalement, après avoir tourné encore et encore dans ton lit, tu décides de lui envoyer un message. Pour le moment, jamais son comportement ne t’a laissé supposer qu’il pourrait te juger. Tu veux croire qu’il n’est pas comme cela.

Dis, je réfléchissais… Mercredi je suis en « congé », parce que je fête Halloween. J’ai juste prévu de rester chez moi, cuisiner quelque chose de bon, regarder ci ou ça. Est-ce que tu… aurais envie de venir ? Ce n’est rien de phénoménal, mais j’ai pensé que ça pourrait être chouette de le faire à deux. Pas de soucis si tu es déjà occupé, je sais que je te demande ça à la dernière minute. Ou si c’est trop rapproché pour toi étant donné qu’on s’est vu hier. Dis-le-moi juste. Je ne veux pas que ce soit pesant pour toi. Bonne nuit, Máni. Je t’aime.

Tu as hésité à taper les derniers mots car, une fois encore, tu souhaiterais éviter de donner l’impression que tu es trop accroché à lui trop tôt, que tu as perdu de ton indépendance. Lui te l’a déjà écrit plusieurs fois, mais… c’est différent. Du moins, tu le crois. Tu ne sais pas que des tourmentes similaires l’ont habité, lui aussi, lorsqu’il t’a adressé ces mêmes mots. Finalement, tu as décidé qu’après tout, tu t’étais promis de te comporter comme tu en avais envie dans cette relation. Si ça ne lui plaît pas, autant que tu puisses t’en rendre compte rapidement. Tu devrais pouvoir dire que tu aimes quelqu’un librement. Tu voudrais pouvoir dire que tu aimes quelqu’un librement, en tout cas. Tu mets ton téléphone en veille et te couches, pour de vrai cette fois ; tu t’endors après quelques ruminations supplémentaires, quand la fatigue surpasse enfin ton anxiété.

Ton repos est agité, et tu te réveilles à plusieurs reprises durant la nuit. Des cauchemars viennent hanter ton sommeil : de ceux qui te tourmentent de plus en plus rarement, mais toujours trop souvent. Tu te lèves avant que ton alarme ne sonne ; exceptionnellement, tu ouvres aussi le lundi à cette période. Après réflexion, tu décides de voir le bon côté des choses et de profiter de cette heure en plus pour te préparer un petit-déjeuner particulièrement savoureux ; tu en auras besoin pour survivre à ta journée. Tu pétris une pâte et montes plusieurs petites tartelettes aux fraises, avec de la chantilly, puis te mitonnes un délicieux chocolat chaud à la cannelle pour te réconforter. Une fois que tu y as trempé tes lèvres, ton esprit commence à émerger. Tu te souviens que tu n’as pas encore consulté ton téléphone et que tu attendais une réponse plutôt importante pour toi. Lorsque tu allumes l’écran, ce que tu y lis achève de sauver ta journée. Tu remarques qu’il t’a écrit tard, une ou deux heures après ton coucher.

J’en serai absolument ravi, darling. Est-tu sûr que cela te convient si je viens chez toi ? Je ne veux pas te presser. Dans tous les cas, je n’ai rien de prévu, je serai avec Forseti et d’autres le jour d’avant. Je suis donc complètement libre. Mais n’hésite pas à me dire si tu changes d’avis. Qu’est-ce que tu aimerais que j’apporte ? Je suis vraiment heureux que tu m’aies proposé de venir. J’ai hâte de passer du temps en ta compagnie.

Tu sens ton cœur fondre. Il est si… touchant, si franc. Son message crée des papillons dans ta poitrine, réchauffe tes joues et colore ton âme. Il est parfait. Tes sentiments pour lui débordent, t’engloutissent tout entier et tu aimes ça ; tu aimes te laisser baigner par cette sensation d’attachement infini, d’affection pure, d’avoir enfin trouvé celui que tu cherchais. L’impression que quelqu’un comme lui ne peut exister te vient à nouveau. C’est comme s’il avait été créé juste pour toi.

Tu t’empresses de lui répondre dès que ton égarement béat s’est apaisé.

Oui je suis sûr de moi, si ça te va. Tu pourrais arriver en début d’après-midi ? Je n’ai pas vraiment besoin de quoi que ce soit, tout est prêt. Amène ce qui te fait envie. Surprends-moi ! Je serai heureuse dans tous les cas. J’ai hâte de te voir aussi ! Ma fête préférée, avec ma personne préférée. Quelle chance !

Tu dévores tes tartelettes ; l’excitation a stimulé ton appétit. Tu profites du temps qu’il te reste pour lire un peu, et pour reprendre en détail tous tes préparatifs. Finalement, ne tenant plus en place, tu pars ouvrir ton magasin plus tôt. Halloween commence officiellement demain, et tu sais qu’avec celui-ci, ces deux jours demeureront parmi les plus chargés de ton année. Tu réajustes quelques décorations, lisses les nappes, prêtes une attention particulière aux éléments esthétiques de tes pâtisseries. Tu veux que tout soit parfait. Tu mets en avant sur les étagères tes livres les plus sombres et gothiques. Tu te dis que la sublime édition des nouvelles d’Edgar Allan Poe que tu avais repérée à la librairie avec ton compagnon se serait avérée du plus bel effet au milieu de tes ouvrages. Il faudra que tu te la procures d’ici l’année prochaine.

Comme prévu, tu n’as pas une minute à toi de toute la matinée. Tu cours d’un client à l’autre, de boissons en pâtisseries, de citrouilles en confiseries. Même si tu ne sais plus où donner de la tête, tu es ravie. Tu adores ces moments. Partager ton amour d’Halloween avec autant de gens, les voir sourire, s’émerveiller devant tes créations : tu ne voudrais être ailleurs pour rien au monde. Tu manges à peine et ne fermes pas durant ta pause. Tu grignotes ta dernière tartelette du matin, te prépares un thé pour récupérer de l’énergie. L’après-midi s’écoule elle aussi à toute vitesse, et ce n’est qu’en début de soirée que les choses se calment un peu. Toute la journée, tu as parlé aux personnes présentes du lendemain, de ce que tu mijotais, et tu as évoqué qu’il y aurait des surprises. Et des bonbons pour les enfants qui te visiteraient. Tu ne risquais pas de perdre cette occasion pour multiplier ta clientèle et te faire connaître.

Alors que ton rythme s’apaise, la fatigue commence à peser sur tes épaules. Dehors, la nuit esquisse ton reflet sur les vitres. Les lampadaires se sont allumés, les passants se raréfient. Ton excitation décline, en même temps que ton humeur, qui se tourne progressivement vers la mélancolie. Ce n’est pas de la tristesse. Plutôt… un épuisement de tes émotions, après avoir vécu toute la journée sous adrénaline. Une attirance vers le non lumineux, le calme, la solitude. Une envie de te replier sur toi-même. Tu ne saurais l’expliquer exactement. Tu as aussi passé une nuit difficile, et cela n’aide pas. Pour ne pas rester inactive dans cet état, tu te lances dans le nettoyage des tables. À cette heure-là, plus personne ne viendra s’assoir, toutes les commandes seront à emporter. Avant la fermeture, tu t’occupes encore de deux, trois clients. Tu remets tout en ordre afin de pouvoir démarrer sur les chapeaux de roue demain. Tu as déjà préparé tout le nécessaire pour tripler la quantité de pâtisseries que tu vends habituellement, et tu n’auras qu’à cuire et monter celles de l’après-midi, pour les servir fraîches.

Le temps semble s’étirer à mesure que tu rentres chez toi. Tu as l’impression de marcher plus longuement, plus lentement aussi, et les lumières distordent ton champ de vision de leur halo. Tu finis par pousser la porte de ton appartement, enlèves ton manteau et commences à cuisiner dans la foulée, car tu sais que si tu t’assois sur ton canapé, tu n’auras pas la force de te relever. Tu te prépares quelque chose de rapide, une salade et quelques croutons chauds aux herbes pour aller avec. Tu manges devant ton ordinateur, sur la table basse à côté de ton divan, traînes sur Internet, ici et là. Lorsque tu as terminé, tu t’appuies contre le dossier, le regard levé vers le plafond.

Tu te demandes pourquoi tu te sens comme cela, quasi systématiquement, après un évènement que tu attends avec impatience. Parfois avant. Tu as l’impression que toute ton excitation, toute ton adrénaline ne peuvent demeurer au plus haut point en permanence, et que lorsqu’elles finissent par fatiguer, le retour à la réalité s’avère toujours douloureux. Tu sais que cet état ne persiste pas, mais il n’en reste pas moins désagréable. Même la perspective de voir ton compagnon mercredi ne te paraît plus aussi attirante. Pire, elle commence à se parsemer d’angoisse. Et s’il avait mal compris ton message ? S’il s’attendait à plus ? S’il avait pris cela pour une invitation autre ? Le malentendu risque d’être pénible, d’entacher votre complicité. Si tu refuses ses avances, va-t-il s’agacer, se mettre en colère ? Penser que c’est toi qui l’as attiré, que tu as donné des signaux contradictoires ? Et même si ce n’est pas le cas maintenant, il finira bien par se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond chez toi. Pas rond comme chez les autres, en tout cas. Cela signera-t-il la fin de votre relation ? Et si non, est-ce que tu sauras te montrer assez endurante pour résister à la pression te poussant à céder, à paraître normale, à répondre aux attentes, de la société et de la personne que tu aimes ? Est-ce que tu arriveras à ne pas t’oublier de nouveau ? Tu l’espères. Mais l’idée même de la fin de votre relation, si idyllique jusque-là, commence à te déprimer sérieusement.

Peut-être que tu n’aurais pas dû l’inviter. Ou que tu aurais dû préciser directement que tu ne voulais pas qu’il se passe autre chose que ce qui était écrit dans ton message. Ton humeur plonge et plonge encore, et tu décides d’aller te coucher pour y mettre un terme. Tu échanges quelques mots avec Máni, mais rien de très intéressant ; le cœur n’y est pas. Avant de t’endormir, tu essaies de te rappeler la belle journée qui s’est déroulée, de convoquer ta joie du matin devant ses mots, tes merveilleuses pâtisseries, ton salon plein de monde. Cela t’est difficile, mais a le mérite de rediriger ton attention au-delà de ton état. La fatigue musculaire s’occupe du reste, t’emportant dans les limbes du sommeil.

Lorsque tu te réveilles le lendemain, tu te sens mieux. La situation te paraît moins désespérée, moins insurmontable. Ton téléphone affiche un message de ton compagnon, que tu lis après avoir infusé un thé aux épices avec un peu de lait.

Bonjour, love,

Joyeux Halloween ! Comment vas-tu, ce matin ? Je suppose que la journée sera longue pour toi, alors je t’envoie de nombreux chocolats chauds virtuels, et tout mon courage. Nous n’avons pas beaucoup parlé hier soir, et j’ai eu l’impression que, peut-être, tu étais un peu déprimée ? Ou était-ce mon imagination ? Je ne dis pas cela parce que nous n’avons que peu discuté, nous avions dès le début convenu que nous devions pouvoir garder une certaine intimité et des moments pour nous, donc ce n’est vraiment pas un reproche. J’étais seulement inquiet pour toi. J’espère que tu passeras une excellente journée, et que beaucoup de gens profiteront de tes pâtisseries. Je les jalouse. J’ai hâte de te voir demain, si cela te convient toujours, bien sûr, sinon un seul mot et je resterai chez moi avec un bon livre. Je ne serai pas en mesure de te répondre ce soir, puisque je passe du temps avec Forseti et les autres, je te lirai cette après-midi ou demain matin en fonction. Je t’aime, darling. Passionnément.

Son message te fait du bien, et ton anxiété ne grimpe pas au plafond comme la veille. Tu raisonnes tes inquiétudes, te répètes que ton compagnon n’est pas du genre à fabriquer des suppositions à partir de sous-entendus et d’interprétations. Vous vous êtes promis de communiquer clairement, et vous n’avez jamais discuté de sexualité auparavant. Vous ne vous êtes d’ailleurs pas encore embrassés, c’est dire. Pas que cela te dérange spécialement. De toute façon, s’il se fait des idées, ça n’est pas de ta responsabilité. Même si tu risques probablement d’être mortifiée quand même.

Rien ne sert d’angoisser sur des choses que tu ne peux contrôler : ton envie de le voir est revenue, c’est tout ce qui compte. Le fait qu’il s’inquiète pour toi te touche aussi et te rappelle à quel point il peut être attentionné. C’est presque un sixième sens, à ce niveau-là. Ses messages t’apparaissent toujours comme un rayon de soleil. Tu lui réponds avant de sortir, sachant que tu n’auras pas le temps ensuite.

Bonjour, darling , je me sens bien et toi ? Joyeux Halloween ! Yay ! La meilleure fête de l’année ! La journée va être chargée, mais tout se passera bien, et j’adore ce genre de période. Je prends tous les chocolats chauds quand même ! Je ne sais pas comment tu as fait pour t’en rendre compte, mais tu as raison, j’étais un peu déprimé hier. Trop d’adrénaline probablement ; l’automne est parfois un moment compliqué, et je me sentais si heureux pour Halloween, et de te retrouver demain, que je me suis épuisée. Tout a brusquement eu l’air sombre, isolé, et froid. Mais je vais beaucoup mieux aujourd’hui, après une bonne nuit de sommeil. Merci de t’être inquiété pour moi <3 J’ai hâte de te voir demain aussi ! J’espère que ta journée sera bonne, et ta soirée excellente avec tes amis. Vivement que tu me racontes. Je t’aime.

Tu vérifies que tout est fin prêt pour demain, et qu’il ne te manque rien. Tu as une idée soudaine et te notes de passer faire une course rapide en rentrant du travail ce soir. Tu prends aussi une bouteille d’eau pour t’hydrater durant cette longue journée, car tu n’auras probablement pas le temps de te préparer quelque chose de meilleur. Tout te paraît en ordre : tu sors de chez toi. Comme la veille, tu réajustes quelques éléments ici et là dans ton salon, puis tu mets en place tes surprises du jour : des sucettes en forme de citrouille, au même parfum, et une tombola où il est possible de gagner une pâtisserie personnalisée, ainsi qu’un goûter pour deux. Tu te prépares ensuite pour la déferlante.

La première heure reste raisonnablement calme, mais dès la deuxième, le chaos se déchaîne. Tu tiens trois conversations en même temps, remplis quatre boîtes d’entremets pour quatre commandes différentes, et tes vitrines se vident à vue d’œil. Tu jongles avec les boissons, et avec tes clients qui s’attablent. Entre midi et deux, tu as à peine le temps de reconstituer ton stock, de sortir du four certaines pâtes et de monter tes desserts. Là encore, tu arrives à maintenir l’équilibre, de justesse. Plusieurs personnes sont obligées d’attendre un peu, mais tu ne peux pas exister partout à la fois. Tu te fais tout de même la réflexion qu’heureusement, tous les jours ne se déroulent pas ainsi. Si ta clientèle continue d’augmenter, peut-être devras-tu employer quelqu’un durant ces périodes.

Après l’heure du goûter, la plus chargée, où tu dois même refuser du monde, l’affluence se calme légèrement, ce qui te permet de reconstituer une deuxième fois ton stock. Bientôt, les enfants vont commencer à déferler pour obtenir des bonbons, et leurs parents ne peuvent en général que difficilement résister à tes belles pâtisseries. Un peu après, ce seront toutes les personnes qui ont envie d’un dessert pour le dîner, pour eux ou pour emmener à un repas de famille. L’avantage de tes délices, c’est que le travail fait sur la décoration les rend tout de suite plus raffinés, parfaits pour offrir et pour sublimer une table.

Ce soir, tu ne fermes pas tant que tu n’as pas écoulé ton stock en entier, et tu termines donc bien plus tard que d’habitude. Sur la fin, malgré la fatigue, ton cœur bat plus vite à l’idée de voir Máni demain. Tu penses à ton repas, à vos activités, à sa présence près de toi. Lorsque tes derniers clients franchissent le seuil, tu verrouilles derrière eux dans un soupir épuisé, mais heureux. Tu n’as pas le courage de tout ranger, de tout défaire maintenant, et choisis de laisser ça de côté pour ta reprise jeudi. Tu te contentes du ménage, et de placer un panneau avec écrit « Fermeture exceptionnelle » ; tu attrapes ton manteau et tes gants, puis tu t’empresses de rentrer chez toi, sans oublier de passer acheter ce qu’il te fallait. Tu manges et décides de te coucher tôt pour ne pas manquer d’énergie demain. Cependant, ton cerveau te serine encore l’intégralité de ta liste de préparatifs, pour être sûr, bien sûr, bien bien sûr que tout a été coché, puis divers scénarios sur la manière dont pourrait se dérouler la journée. Après avoir répété ce manège plusieurs fois, il commence enfin à s’apaiser. Pour t’endormir, tu imagines une conversation avec ton compagnon, une sortie, une promenade, et tu sombres finalement, un sourire plus serein aux lèvres.

Commentaires

Lire ce chapitre à une semaine d'Halloween c'est parfait ! En plus j'ai pris un jour de congé pour le 31, pour pouvoir cuisiner, citrouiller et regarder des films appropriés : la meilleure fête de l'année ! ^_^ Après ça, me voilà dans l'ambiance!
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mercredi 23 octobre à 17h56
Clairement la meilleure fête de l'année ! Ouiii trop bien ! Cuisiner ! Citrouiller !
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vendredi 25 octobre à 20h45