2

Antoine Bombrun

lundi 30 décembre 2019

Chroniques du vieux moulin - Tome 3 : Mariages et trahisons

Chapitre soixante-troisième

« Je ne permettrai pas que des Sauvages campent au bas de Landargues ; je veux pouvoir sortir quand je le désire, arpenter les champs et visiter les villages alentour. Alors vous autoriserez les paysans de la plaine à trouver refuge dans la cité si ça vous chante, mais vous ne m’empêcherez pas de faire sortir nos soldats pour aller à la rencontre de l’ennemi ! »

Les chefs de guerre réunis dans la salle de la couronne éclatèrent en un beau concert de désapprobation, si vif et emporté qu’il cloua les trois Sacerdoces eux-mêmes sur place, malgré leur habitude de ce genre de manifestation. Seul le chef de la garde de la ville, Oöb Bromadon, conserva sa pause détendue. Appuyé contre un des murs clairs, sourire harnaché aux lèvres, il fourrageait dans les poils drus de sa barbe épaisse.

Breridus leva la main pour faire taire les lieutenants :

« Que m’importent vos recommandations. Je maîtrise comme vous les dédales de la guerre, seulement, et cela vous ne pouvez y prétendre, j’ai aussi affronté l’ennemi dans ma jeunesse. Je connais ses ruses, ses forces et ses faiblesses. Je sais comment l’approcher pour le défaire ! »

Un chef de guerre parmi les plus anciens objecta :

« Malgré votre expérience, que nous ne renions pas, le Seigneur Souverain demeure en charge des actions militaires. Nous ne pouvons donc prendre de décisions sans sa présence. Où est-il ?

— Alphidore est sorti peu avant que vous entriez. Il a… eu besoin de s’isoler. L’annonce de l’arrivée imminente des Sauvages a été trop pour lui. Sans oublier l’annulation de son mariage. Je crains qu’il ne soit peu disponible pour mener bataille. Alors, que devrions-nous faire ? Patienter et laisser les Barbares nous submerger ? »

Le chef de guerre parut embarrassé par la question et regagna le rang.

« En cas d’indisposition du Seigneur Souverain, glissa Gris, charge en revient aux Sacerdoces… »

Les deux autres religieux opinèrent du capuchon dans un ensemble parfait, tandis que Breridus se prenait le visage dans les mains. Un gloussement lui fit relever la tête, et darder un regard farouche vers Oöb Bromadon :

« Et toi la ferme, hein ! »

Le chef de la garde de la ville ravala son rire et retrouva une attitude plus sérieuse. Breridus réfléchit un instant, comme s’il cherchait ses mots, puis il s’adressa aux Sacerdoces :

« Je peine à trouver une formulation qui ne vous paraisse pas agressive, mais je vais faire de mon mieux. Je comprends bien votre fonction, vos trois regards, vos trois avis qui doivent aiguiser les réflexions du Souverain. Vos intérêts différents aussi, qui mettent en lumière que les besoins du peuple sont multiples, qui rappellent la complexité du rôle de gouvernance. Je comprends tout cela, je le sais et je le crois bien pensé… sur le papier.

« Parce que dans les faits, je trouve épuisant votre perpétuel désaccord, votre jeu de l’antonymie, votre sempiternelle dispute sans queue ni tête. Pour un naïf vous serez peut-être de bon conseil, mais vous demeurerez toujours un poids pour un homme qui connaît sa fonction. Vous mettre d’accord prend un temps infini, et vous forcer la main revient à souffler sur les braises de votre discorde. Sacerdoces, votre inutilité apparaît de plus en plus frappante à mesure que la situation gagne en urgence, alors je vous en prie, maintenant que l’ennemi se trouve à nos portes, conservez votre place, et fermez-la. »

Un cri de stupeur s’éleva depuis le rang des chefs de guerre, qui se contracta en un gros boudin distordu. Comme Gris mâchonnait sa réponse sans parvenir à la formuler, Rouge fit un pas en avant. Il allait se défendre ainsi que ses deux consorts, mais l’ouverture de la porte ne lui permit pas de desserrer les lèvres.

Alphidore pénétra à grands pas, traversa la salle, se fraya un chemin dans la masse des chefs de guerre, puis grimpa sur son trône. Il pressait dans son poing tremblant un papier froissé, qu’il lissa avec maladresse avant de s’exprimer :

« Je viens de rédiger un document qui prendra effet dès que je vous en aurai terminé la lecture. »

Il se racla la gorge pour tenter d’apaiser les trémolos de sa voix, mais en vain.

« Moi, Alphidore de Pal, Seigneur Souverain de la Cannirnosk, je cède tout contrôle des armées et de la chose militaire à mon oncle, Breridus de Pal, pour un temps qui restera à définir, mais qui s’étendra au moins jusqu’à ce que les Sauvages soient repoussés. Son expérience et son courage en font le candidat parfait pour protéger les intérêts du pays et de son peuple. »

Pause ; petit silence gêné.

« Voilà, c’est tout. Vert, donnez-moi la plume que je signe, et vous ferez de même. »

Le Sacerdoce jeta un regard à ses compagnons, puis il s’exécuta. Le document fut paraphé, daté et remis à Breridus de Pal. Ce dernier y apposa aussi sa marque avant de relever les yeux, satisfait :

« Voilà qui simplifie grandement les choses. Chefs de guerre, préparez vos hommes à sortir dans la plaine ; nous aurons quitté la cité dans deux heures. Je n’accepterai aucune rebuffade. Oöb Bromadon, vous ferez de même avec votre nouvelle unité. »

Les soldats saluèrent avant de délaisser la salle du trône en compagnie du chef de la garde. Alphidore de Pal les imita un instant plus tard, incapable de soutenir le regard furibond des trois Sacerdoces.

Lorsque tout le monde fut sorti, Breridus grommela à voix basse, comme pour lui même :

« Et puis merde quoi, il ne sera pas dit que Landargues se sera fait assiéger par les Barbares… »

* * *

Moins de deux heures plus tard, une longue colonne de soldats franchit la grande porte de Landargues. En face d’eux, au loin, le nuage de poussière était désormais trop imposant pour que l’on puisse l’ignorer.

À l’avant, Breridus et son état major, ainsi qu’Oöb Bromadon. Ce dernier ne lâchait pas sa chopine, dont le contenu déclinant oscillait au rythme des enjambées de son cheval. Le chef de la garde en prenait de petites gorgées régulières, comme pour tâcher d’en économiser les plaisirs.

Derrière lui, une unité grinçante de chevaliers avançait à pas lourds. Destriers recouverts d’un épais tapis de cuir ainsi que d’une cotte de mailles luisante, soldats engoncés dans leur cuirasse. Cette tenue différait de beaucoup des autres chevaliers qui suivaient la colonne, dont l’armure ne se composait que d’anneaux d’acier entremêlés renforcés d’épaulettes rigides. Eux semblaient faits de métal et non plus de chair. Pas une once de leur corps ne laissait apparaître sa peau, ou un tissu quelconque. Heaume percé uniquement de petits trous afin de laisser passer le regard, gantelets de fer, chausses de la même matière. Certains des chevaliers portaient l’armure pour la première fois, car Balm, le maître forgeron, peinait à respecter l’allure que lui imposait Breridus quant à leur fabrication.

Dissimulés au centre de l’unité, des chevaux de trait tiraient de drôles de petits assemblages de bois montés sur roues. Trop étroites pour être des chariots, encombrées de cordes et de longues flèches épaisses comme le poignet d’un enfant, ces balistes se révéleraient montables en quelques minutes à peine, et maniables par une seule paire de bras.

Enfin, plus loin dans la colonne, disséminés au milieu des archers afin de profiter de leur tir nourri pour avoir le temps de recharger, les arbalétriers soutenaient leurs lourds engins de mort. D’une portée presque deux fois supérieure à celle d’un arc ordinaire, ces nouvelles armes forceraient efficacement l’offensive ou la fuite des ennemis.

Puissance, résistance et mobilité, telle avait été la demande de Breridus au maître forgeron :

« Tous nos adversaires – les Sauvages, Relonor, et même Daogan – ont développé l’art de la cavalerie légère. Nous ne pourrons jamais les égaler sur ce point, alors il nous faut adapter notre force à la leur. Nos pavés d’infanterie se feront prendre de vitesse, harponnés puis relâchés trop vivement pour qu’ils puissent se défendre au corps à corps, et nos flèches se montreront moins précises que les leurs. Puissance, résistance et mobilité, Balm. Allie tout cela en une seule armée, et nous vaincrons tous ceux qui oseront se dresser face à nous ! »

« Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Breridus à Oöb Bromadon. On t’entend bien plus, habituellement. Tu as les foies ? »

Le chef de la garde de la ville éclata de son gros rire, avant de jeter sa chopine vide au loin dans l’herbe qui bordait le chemin :

« Pire que ça ; je me fais dans le froc. Et pas moyen de noyer son angoisse dans de la bière de qualité, quand on chevauche !

— Toi ? Mais où va le monde, si même le grand Oöb Bromadon craint une bonne castagne ?

— Le monde je ne sais pas, mais moi je vais montrer ma façon de penser aux Sauvages. Je serre les fesses, pourtant ça ne m’empêchera pas de leur faire bouffer mon épée.

— Alors pourquoi cette angoisse ? Je te croyais plus bagarreur…

— La bastonnade, c’est mon passe-temps. Il n’y a pas grand-chose que j’apprécie plus. Les batailles rangées, par contre, c’est une autre histoire. Je t’ai déjà raconté comment j’ai perdu mon œil, alors tu devrais comprendre… »

Ce fut au tour de Breridus d’éclater de rire :

« Si ça peut te rassurer, chez les Sauvages, une bataille n’est jamais rangée ; ils sont bien trop désorganisés pour ça ! »

Oöb Bromadon ajouta sans se faire prier son hilarité à celle du félon de Landargues.

Quelques instants plus tard, une bourrique au poil rêche rejoignit les deux guerriers.

« Et bien, mon bon Elivard, qu’est-il arrivé pour que tu manques l’heure du départ ? s’enquit Breridus. J’ai bien cru que tu voulais me fausser compagnie…

— Ta sœur. »

Oöb Bromadon s’étouffa dans sa salive et fit volter son destrier :

« Oulah, du calme toi. Avec tout le respect que j’éprouve pour la noblesse, je te balancerai mon poing dans la figure si tu lui parles de nouveau de cette manière ! »

Bec-de-lièvre fendu de terreur, groin plissé, Elivard se rabougrit sur sa selle sans parvenir à bafouiller rien d’autre que des paroles incompréhensibles.

Breridus mit fin à la tension par un nouveau rire :

« Ne t’emporte pas tant, je crois qu’il parle réellement de ma sœur ! »

Elivard opina vivement du chef, puis déglutit douloureusement.

« Merde alors, je viens de faire une bien belle bourde, se renfrogna Oöb Bromadon. Toutes mes excuses, Sieur Cachampgueux. »

De nouveau, Elivard secoua la tête, puis redressa un peu son assise.

« Que t’a-t-elle encore fait subir ? »

La colère remonta au nez du seigneur aussi vite que l’agression d’Oöb Bromadon l’avait fait redescendre :

« Cette garce n’a pas daigné assister à mon départ ! Je pars à la guerre, je vais risquer ma vie pendant que ses jolies fesses vont rester posées sur de doux coussins, et elle me fausse compagnie. J’espérais un peu de réconfort avant de quitter la cité. Lui dire adieu comme il se doit, mais elle est demeurée introuvable.

— C’est fâcheux. »

Oöb Bromadon ne perçut pas le ton ironique de Breridus et abonda en son sens :

« Fâcheux, en effet. Pour ma part, j’ai bien pris soin de saluer quelques paires de jolies fesses avant de partir. Certainement moins recommandables que celles de votre épouse — de votre sœur — , mais bien suffisamment à mon goût ! »

Breridus reprit avec le même air taquin :

« Peut-être n’a-t-elle pas été avertie de ton départ. Tu le lui as annoncé toi-même ?

— Non, je ne l’ai pas vue je te dis. Mais avec le barouf qu’ont fait les cloches de la cité tout l’après-midi, elle doit se trouver bien loin de la ville si elle n’a pas entendu ! »

Le félon de Landargues prit soudain un ton sérieux :

« Tu ne l’as pas vue, tu dis ? Depuis quand ?

— Depuis ce matin. Tu sais comme moi qu’elle devait s’occuper d’Orphiléa Helvival pour le mariage, donc elle a quitté la chambre tôt. Et avec l’agitation de la journée, je n’ai pas eu le loisir de la rencontrer au palais. Tu as intérêt à la mater dès que l’on sera de retour, car elle se permet des familiarités intolérables ! Je savais en l’épousant que j’avais affaire à une femme de caractère, mais de là à me voir humilié et maltraité, il y a des limites ! Dis, tu m’écoutes ?

— Oui, oui.

— Tu vas la remettre sur le droit chemin, hein ?! Parce que sa soumission faisait partie de notre accord. Si tu ne tiens pas ta parole, il n’y a aucune raison que je tienne la mienne !

— Tu n’as pas tort. Je vais même lui écrire sur-le-champ, afin qu’elle réfléchisse dès maintenant au moyen de se faire pardonner… Oöb, trouve-moi une plume et du papier ! »

Le chef de la garde de la ville s’exécuta en grommelant, pendant qu’Elivard remerciait Breridus pour la promptitude de sa réaction :

« Je savais que je pouvais compter sur toi : tu es un homme de parole. Quant à elle, elle a intérêt à bien se tenir à partir de maintenant, car je ferai preuve de moins de patience, je te l’assure ! Elle va le regretter, cet ultime affront ! »

Oöb Bromadon revint quelques instants plus tard, papier et crayon en main :

« Tiens, j’ai chipé ça à un bellâtre qui devait les garder pour écrire à son amante. Je lui ai signifié qu’il y avait plus important que la copulation, à la guerre !

— Merci. Laisse-moi rédiger, puis tu iras la porter aux messagers.

— Aux messagers ? C’était bien la peine d’aller me faire chercher de quoi écrire ; ils doivent avoir tout ce qu’il faut.

— Je préférais un pli moins officiel… »

Breridus s’empara du papier et griffonna à même la selle :

Je crains que Fleurienne ne se soit enfuie avec Orphiléa. Retrouve-la, par tous les moyens, et ramène-la. Tu n’aimerais pas me décevoir sur cette besogne…

Il signa, indiqua le destinataire, referma le document avant de le transmettre à Oöb Bromadon, puis se tourna vers Elivard :

« Voilà qui devrait suffire pour la faire réfléchir ! »

* * *

Les armées cannirnoskines passèrent un des ponts qui enjambent les méandres de l’Audussont avant de cesser leur progression. Breridus les étala sur une demi-lieue, rangées en ordre de bataille. Lanciers et archers répartis tout le long de la ligne ; cavalerie sur les flancs pour prendre l’ennemi à revers ou pour s’en défendre ; balistes et arbalétriers au centre, afin d’avoir vue sur tout le champ de bataille et de pouvoir y appliquer leurs piquants grains de sel. Le félon de Landargues s’installa lui-même ainsi que son état major à Carranches, le petit village qui garde le pont. L’absence des habitants, évacués vers Landargues, permit de loger tout le monde sans mal.

Breridus envoya aussi des hommes au nord et au sud pour brûler les autres ponts et éloigner tous les navires de pêche, afin de protéger la capitale. Cela n’empêcherait certes pas une armée décidée à traverser, car le débit du fleuve ralentit considérablement à l’arrivée dans le delta, mais cela lui laisserait le temps de réagir si jamais Grimm tentait de lui fausser compagnie.

Il garda l’unique passage vers Landargues derrière lui, afin de pouvoir y retourner en vitesse si le besoin s’en faisait sentir.

L’avant-garde de la horde fut aperçue comme les préparatifs touchaient à leur fin. Les quelques cavaliers toisèrent les forces cannirnoskines de loin, puis piquèrent des deux pour aller informer leur meneur. Breridus fut prévenu lui aussi, et tint un discours vibrant sur les qualités des soldats loyaux à leur pays ainsi que sur la supériorité de l’ordre sur la sauvagerie. On l’acclama, on heurta lames et boucliers – les apparences furent sauves –, mais le moral n’y était pas. Et comment pouvait-il y être, après cent ans de paix, après avoir vu ses ancêtres mourir de vieillesse sans tâter ne serait-ce qu’une épée, alors qu’il fallait désormais affronter une meute barbare dont tant de contes vantaient les cruels exploits ?…

Bientôt, la horde elle-même se massa en face. Cavaliers par centaines, par milliers, dressés sur leurs montures râblées, corsèque en main et haches de jet au côté. En forçant un peu sur les yeux, on pouvait remarquer la diversité de leurs combattants – hommes, femmes, vieillards et même enfants – mais surtout leurs similitudes : une brutalité peinte sur le visage, et une assurance à faire frémir. Plus d’un riait en fixant l’armée de Cannirnosk, pointait l’ennemi du doigt ou dansait pour le ridiculiser.

Elivard ne put s’empêcher de cracher :

« Foutres de couards. Pas un seul ost allié pour nous seconder. Mon domaine se situe deux fois plus loin qu’Ichambuse, et ce foutriquet d’Alphride Viqueford n’a même pas été fichu d’arriver à temps pour la bataille !

— Garde confiance, mon brave ami, l’encouragea Breridus, nous vaincrons sans leur présence. Et même si nous ne parvenons pas à les repousser seuls, nous tiendrons sans mal jusqu’à ce que les renforts arrivent !

— Ils ont intérêt à se bouger les miches. Je ne veux pas mourir loin de Mottevieille, moi… »

La fin de sa grognerie fut dissimulée par l’immense clameur qui jaillit depuis l’autre côté du champ de bataille. Au même instant, tous les Sauvages se mirent en branle. Les chevaux cessèrent de piaffer et s’élancèrent. Les corsèques furent brandies, les flèches encochées. Au cri de guerre succédèrent des sifflements stridents, qui excitèrent encore davantage les montures. La course devint cavalcade bondissante, marée hurlante, prête à tout dévaster sur son passage.

Breridus se dressa sur ses étriers, frêle phare solitaire, et rugit ses ordres en retour. Les lanciers plantèrent leur pique en terre, les arbalétriers pointèrent, les balistes furent bandées. Seuls les chevaliers, en bout d’ailes, demeuraient immobiles, rênes fermement serrées pour empêcher les destriers de se jeter en avant. Oöb Bromadon éclata de rire, Elivard ferma les yeux ; la digue allait-elle tenir ?

Commentaires

À la castagne !
 0
jeudi 19 décembre à 18h04
Alphidore a fait une bien belle connerie. Je ne sais même pas qui je souhaiterais voir gagner cette bataille !
 1
vendredi 19 juin à 10h31