Ruines et Ravages
Prologue
Les mains accrochées à sa baïonnette, Lexine s’enfonce dans la boue. Elle se recroqueville, cherche à disparaître dans le mur de terre ; derrière elle, des obus explosent.
À quelques mètres, le cadavre d’un autre soldat repose, immobile, comme statufié. Ses yeux fixent le ciel d’orage, loin, très loin au-dessus de leurs têtes. Bientôt, la seule lumière est éclair, les seuls bruits, tonnerre. Lexine n’est pas sûre : tout cela ressemble tant aux bombes de l’ennemi. Alors elle continue de s’enfoncer, de venir se coller contre les racines d’un arbre mort, abattu depuis longtemps.
La foudre – ou les obus – éclatent toujours dans le ciel, sous la pluie la plus lourde du monde. Un soldat court en direction de Lexine, à une allure si erratique qu’elle imagine les projectiles qui sifflent près de sa tête.
Au-dessus, toujours les grondements, si forts qu’elle peine à entendre son camarade quand il lui hurle quelque chose, répète pour s’assurer qu’elle l’a compris.
Les mains accrochées à sa baïonnette, Lexine pleure, et ses larmes creusent dans son visage des tranchées plus profondes encore que celle où elle se cache. Son camarade s’écroule, son dernier message coincé dans sa gorge, à côté d’une balle. Mais elle l’a entendu. Et ses sanglots se font torrentiels.
La guerre est terminée.